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Articles et videos sur l'Art-thérapie


Article "Art-thérapeute en soins palliatifs"

 

 

AU COEUR DU METIER

Art-thérapeute en soins palliatifs

Florence Girard, art-thérapeute et infirmière au CHU de Toulouse, explique les bienfaits de sa pratique en soins palliatifs, un service où les patients ont besoin de continuer à exister au travers de l'écriture, de peinture ou du dessin... et de tous les autres médiats.

art peinture toile

S'exprimer grâce à l'art-thérapie en soins palliatifs

En soins palliatifs, l'approche du patient est bien différente de celles des autres services. En effet, sa pathologie et l’impact qu'elle peut avoir sur son quotidien occasionne la perte de son statut social et de sa place dans la famille. La mort approchant, elle éveille des angoisses matérielles ou métaphysiques. L'art-thérapie offre alors au patient une échappatoire aux craintes, au stress ou à la douleur  lui permettant de les transformer, les matérialiser, les cristalliser, les poser.

Les séances d’art-thérapie se déroulent obligatoirement sur prescription médicale. L’équipe mobile est appelée dans un service du CHU lorsqu’un patient est à un stade évolué d'une maladie incurable, en échappement thérapeutique ou s'il éprouve des douleurs chroniques non calmées par les antalgiques des divers paliers. Cette équipe se déplace en binôme médecin-infirmière et, après l'étude du dossier, rencontre les soignants (médecin, infirmière, aide-soignante, ASH) puis le patient pour une évaluation globale (état physique et psychique). En fonction de ses goûts, le binôme propose, si besoin, des adaptations thérapeutiques ainsi que des séances d’art-thérapie s’il le désire. Quelques jours plus tard, je retourne seule voir ce patient. Je lui demande où en sont ses douleurs avec le traitement proposé et je me présente (ici, c'est l'infirmière clinicienne qui parle). J'introduis également l’art-thérapie, définis le cadre, les contours de l’atelier, le contenu, les règles du jeu de nos rencontres et les techniques que nous utiliserons. Le premier objectif est « d'apprivoiser » le patient pour qu'une relation de confiance s'établisse. En général, il fait un bilan de sa vie pour que je puisse mieux le connaître. Les maîtres mots de cette séance rencontre-partage sont écoute, empathie, congruence...

L’infirmière fait alors place à l'art-thérapeute et devient confidente, réceptacle et catalyseur. Elle est celle par qui l’expression pourra naître et se transformer en peinture, dessin, écriture... L’art-thérapie devient alors un moyen de parler la même langue. Volontairement, le soin technique est mis de côté au profit du soin de « soi » avec une idée de réparation de l’estime et de la confiance en soi, deux choses que le soin technique n’est pas en mesure d’apporter. Le fait que cela se passe dans la chambre d’hôpital décuple l’adhésion du patient qui bénéficie de cette « bouée » de sauvetage qu’on a bien voulu lui envoyer. Ainsi, on ne se sent plus objet de soin mais à nouveau acteur, explique un patient.

L'art-thérapie en soins palliatifs dure quelques séances, deux ou trois, guère plus. Le temps est malheureusement compté mais cela suffit pour recueillir l’essentiel de ce que veut dire ou laisser le patient. Le plus souvent, ce dernier est conscient qu'il est au bout du voyage. Il souhaite donc « transmettre » une lettre, un poème, un mot, un silence, un secret qui se trouvent alors chargés d’une valeur testamentaire avec une idée de legs et d’héritage.

Quand vous êtes là, on a moins mal

L'art-thérapie en pratique

Durant mes séances, j'ai croisé le chemin de M. C et de Gaëtan, deux patients différents de par leur âge et pathologie mais pour qui l'art-thérapie fut réellement bénéfique...

M. C. est atteint d’une leucémie au stade terminal. Il vit en couple depuis fort longtemps avec M. G avec qui il a adopté un fils qui a maintenant dix sept ans et, adolescence oblige, le contact est compliqué. M. C va mourir et il le sait. Il veut dire des choses à son fils qui ne peut les entendre. Nous allons nous rencontrer trois fois deux heures en trois jours car le temps presse. Que dire ? Comment ? Pourquoi et quand ? Telles sont les questions qui taraudent M. C. Première rencontre : il pose son histoire de vie, ses désirs, ses joies, ses peines et cet amour immense qu’il veut léguer à l’adolescent secret et en révolte. L’écriture sera donc le médiat. Nous choisirons ses mots, ses sentiments, ses images puis nous les poserons sur le papier. Une nuit pour réfléchir ajouter, enlever, corriger et le troisième jour, il écrira la forme définitive que nous donnerons à son compagnon qui lui-même l’offrira à leur fils quand le jour sera venu, lorsqu’il aura grandi et sera en âge de comprendre et d’accepter. M. C partira sur une autre Unité de Soins Palliatifs (USP), apaisé, heureux d’avoir enfin pu dire et léguer. Deux jours après son admission, il ne sera plus de ce monde...

Gaëtan a dix-neuf ans. Son cerveau est envahi de schwannomes (kystes bénins) qui lui font perdre petit à petit la vue, l’ouïe, l’usage de la marche et de la parole. Quand je le rencontre, il faut déjà l’apprivoiser, apprendre à le connaître puis choisir le médiat. Il peut encore écrire sur une ardoise et conserve un peu de sensibilité dans les mains alors nous choisirons la terre. Il fera un affreux petit cendrier mais peu importe car symboliquement, cet objet est le cadeau d’amour d’un enfant malade à ses parents qui l’accompagnent depuis quatre ans vers une mort certaine. La production quelle qu’elle soit n’a pas forcément de valeur esthétique mais une force symbolique immense. Le médiat est un langage pour dire autrement que par des mots ce qui veut, peut et doit être dit.

On ne se sent plus objet de soin mais à nouveau acteur

Infirmière et art-thérapeute : des compétences complémentaires

Issue d'une formation littéraire classique, je suis devenue infirmière à l'âge de vingt-trois ans. Après plusieurs expériences, j’ai passé cinq ans en psychiatrie dans un foyer de vie pour adultes handicapés où j’animais un atelier de peinture. La psychiatre de mon service m’a alors encouragée à passer un DU d’art-thérapie. Il s’agit d’un Diplôme Universitaire de psychiatrie, psychothérapie médiatisée et créativité. Durant deux ans, nous étudions les grands fondateurs psychanalystes et psychiatres  : Freud, Lacan, Mélanie Klein, Winnicott et, plus près de nous, Jean-Pierre Klein ou Anne Boyer-Labrouche pour ne citer qu’eux. Dispensé à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, ce DU a son équivalent à Paris Descartes, Tours ou plus récemment à Arles.

L’art-thérapie se développe autour du processus artistique en essayant de courtiser l’imaginaire, susciter des émotions, des sensations, des parfums afin que le patient leur donne forme, couleur ou expression. Le métier d'art-thérapeute est très adaptable, riche, positif et utile à la personne en souffrance. Ce domaine dont on parle presque à voix basse est assez méconnu. Pourtant, un hôpital peut avoir intérêt à embaucher une infirmière art-thérapeute en Équipe Mobile Douleur et Soins Palliatifs (EMDSP), tout comme il peut être intéressant pour une infirmière travaillant en soins palliatifs de se former à l'art-thérapie. Cela peut lui permettre de monter en compétences mais aussi de savoir comment aller à la rencontre de l'autre, l'encourager, lui parler ou encore l'écouter, le soigner différemment aussi.

Ces dernières années, l'art-thérapie a été présentée comme un nouveau métier et outil novateur au service de l'humain devenu patient. Elle a pourtant fait ses premiers pas dans l'Antiquité où on lui avait déjà reconnu le pouvoir de canaliser l' « énergie des fous ». Bien connue et répandue en psychiatrie, avant Freud et bien après lui, on l’utilise plus que jamais de nos jours et notamment maintenant dans les services de soins palliatifs. L'art-thérapie reste donc une discipline jeune et doit s’adapter, trouver sa place, ses marques, son rôle, sa force mais aussi ses limites. Au CHU de Toulouse où je travaille, la combinaison des savoirs a permis à l'art-thérapie d’être accueillie puis reconnue, appréciée, demandée et redemandée.

L’infirmière fait place à l'art-thérapeute et devient confidente, réceptacle et catalyseur. Elle est celle par qui l’expression pourra naître et se transformer en peinture, dessin, écriture...

Il y a de plus en plus d’art-thérapeutes. L’art-thérapie est un métier peu balisé, sans réelles lettres de noblesse. Aussi, il est bien difficile de lui trouver un cadre réel reconnu et sérieux. Il est également presque impossible de dégager un consensus qui mettrait tous les thérapeutes d’accord autour d’un référentiel ou d’un guide de bonnes pratiques. Seule la Fédération française des arts thérapeutes (FFAT) dispose d'un code de déontologie qui répond à ses propres critères, même chose pour PROFAC (Arles). Sous l’égide du réseau de cancérologie de Midi-Pyrénées (ONCOMIP), j’ai essayé d’animer un groupe de travail autour de ce sujet. Le résultat a été peu concluant... Je me suis alors concentrée sur un tout autre domaine : les soins palliatifs à l’hôpital en USP ou EMDSP. Quatre années d’expérience m’ont ainsi appris le rôle que l'art-thérapie pouvait jouer. En soins palliatifs, il n'est pas nécessaire de trouver un consensus puisqu’il y a obligatoirement des IDE formées aux soins palliatifs (DIU) et rien ne les empêche de passer un DU d'art-thérapie. Le fait d'être passionné (e) de peinture, dessin, musique ou d'un autre domaine artistique peut être un réel atout. C’est une combinaison qui fonctionne bien et qui se résume à DE+DU+DIU  (diplôme d’état d’infirmière + diplôme universitaire de psychiatrie art-thérapie +  diplôme interuniversitaire de soins palliatifs et d’accompagnement).

L'art-thérapie contribue de façon positive à changer ou à embellir un séjour à l’hôpital pour un patient qui, suivant la formule consacrée, « passe en  soins palliatifs » comme si tout plaisir lui était désormais interdit... Or, n’oublions jamais que tant que la vie est là, la lumière ne s’éteint pas.

Distinguer l’art-thérapie moderne de l’art-thérapie traditionnelle

Aujourd’hui, l’art-thérapie prend de plus en plus d’importance dans les secteurs sanitaires, médico sociaux et éducatifs. De nombreuses facultés de médecine enseignent cette discipline. Cependant, elle est souvent présentée sous une forme de psychothérapie.

Il semble alors nécessaire de préciser que l’art-thérapie moderne n’est pas une spécialité mais une discipline à part entière comme l’orthophonie ou l’ergothérapie et en cela elle répond aux règles tant scientifiques que déontologiques des activités paramédicales officielles. De plus, l’art-thérapie moderne représente aujourd’hui l’essentiel de la pratique de cette discipline (plus de 1 500 diplômés à ce jour).

Signalons qu’aujourd’hui, les responsables d’institutions et les médecins prescripteurs ne découvrent plus l’art-thérapie moderne. Elle semble passée dans les mœurs de la prise en charge des patients. Les exigences actuelles sont centrées sur la confirmation du sérieux, de la compétence et de l’originalité du professionnel. Cela se révèle généralement dans la nature et la qualité des protocoles de soins. Ceux-ci mettent en évidence tant la précision des objectifs thérapeutiques, l’adaptabilité des stratégies thérapeutiques que les modalités évaluatives et les qualités scientifiques de celles-ci. L’art-thérapie moderne n’est donc en rien une psychothérapie.

Extraits du communiqué de l'AFRATAPEM

Creative Commons License

Art-thérapeute infirmière en équipe mobile douleur et soins palliatifs CHU de Toulouse Membre AFSOS, SFAP et ONCOMIP...

 


10/06/2014
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L'Art peut-il soigner ?

L'art-thérapie connaît actuellement un succès grandissant et s'impose comme un thérapie à part entière. C'est une forme de psychothérapie utilisant la création artistique pour prendre contact avec sa vie intérieure. Éclairage sur cette pratique en plein essor...
Entretien avec .... Wilfrid Davoult, Infirmier psychiatrique, art-thérapeute au CHS et à la Maison des adolescents de Caen.
Qu'est-ce que l'art-thérapie en psychiatrie ?
« C'est l'utilisation de techniques artistiques (comme la musique, le théâtre, les arts plastiques...) à des fins thérapeutiques auprès d'adultes ou adolescents malades ou en « mal-être ». C'est un moyen d'approcher les personnes par un moyen détourné, non verbal, surtout avec des patients ayant des problèmes de langage ou qui sont inhibés par leur pathologie. Une production artistique permet alors d'engager un dialogue. Il faut bien comprendre que l'art en tant que tel ne soigne pas, mais c'est sa pratique par le patient qui permet de guider le thérapeute et l'amener à formuler des hypothèses. ».
Quelle est l'origine de cette pratique?
« En France, l'utilisation de l'art dans le milieu médical est ancienne. Mais, elle a surtout un rôle d'occupation des malades, d'amélioration du quotidien. A partir des années 1920, des artistes et des médecins développent l'idée qu'il pourrait exister un art « spontané », même si on sait depuis qu'une production artistique n'est jamais un reflet exact de l'Inconscient. A partir de ce moment, des ateliers d'arts plastiques sont créés en milieu hospitalier. Puis dans les années 1950, l'art-thérapie apparaît véritablement . »
Pourquoi avoir choisi cette spécialité?
« Cela me permet d'abord de concilier mon métier avec une passion personnelle. D'autre part, jeune infirmier, je me suis rendu compte que les patients s'ennuyaient à l'hôpital et j'ai alors créé un atelier d'art plastique dans le but de les occuper. C'est alors que j'ai suivi une formation spécifique à la faculté Paris V. Et puis, j'ai réalisé que l'art était un moyen d'expression présentant un réel intérêt thérapeutique ».
Existe-t-il une formation spécifique pour devenir art-thérapeute?
« Oui, elle s'adresse à des personnels de santé (infirmiers psychiatrique et psychologues principalement) souhaitant faire une formation complémentaire assurée par des universités ou des organismes privés. Cependant, le titre d'art-thérapeute n'étant pas protéger, n'importe qui peut se prétendre art-thérapeute, en profitant de l'effet de mode des thérapies du « bien être » et de la relaxation. Les hôpitaux publics offrent l'assurance de proposer une thérapie de qualité. »
Quelle est la situation de l'art-thérapie en France aujourd'hui ?
« Elle se développe beaucoup mais on est très en retard par rapport à d'autres pays. Les effectifs sont pauvres par manque de moyens. Il y a un atelier dans chaque hôpital psychiatrique, mais on ne peut satisfaire toutes les demandes. »
Que deviennent les productions artistiques des patients ?
« Le but n'est évidemment pas d'exposer ces productions. Mais, je propose à mes patients, s'ils le souhaitent, d'exposer leurs œuvres, ce qui permet de les valoriser. Il m'arrive aussi de me plonger dans des œuvres d'artistes qui traitent des mêmes problématiques existentielles et de les soumettre au patient ; le but n'étant pas de les copier mais de lui proposer des ouvertures ».
Publié il y a par Sylvain H.

24/08/2013
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Effets thérapeutiques de l’expression libre et artistique

Paul Le Bohec et Michèle Le Guillou, Ed Casterman, 1980

Décembre 2003, je tombe ’par hasard’ sur un bouquin intitulé "Les dessins de Patrick". En 4ème de couverture on peut y lire : " il n’est pas question ici de révéler ce qui se cache dans la production de l’enfant mais de persuader le lecteur qu’il s’y cache quelque chose que l’on doit respecter. " Il y est fait référence également à une "autothérapie naturelle."

Hélas, ce bouquin semble difficile à trouver, peut-être dans les librairies d’occasion à Paris, mais rien sur les sites de vente par correspondance... Raison supplémentaire pour que je le lise et que j’en rédige une fiche de lecture.

Extraits.

  Avant-propos

(Paul)

p. 7 : « … il me fallut des évidences grosses comme des immeubles pour arriver enfin à prendre conscience que les productions imaginaires les plus insolites des enfants prenaient leur source dans leur vécu le plus réel.

Par la suite, en étendant le champ de la créativité, je pus me convaincre que les enfants utilisaient également l’oral, le dessin, le chant et même la mathématique pour tenter, à leur insu, de se libérer des tensions qui les chargeaient si fortement. »

(Michèle)

p. 9 : « … j’avais découvert une sorte de loi : « L’attention du maître peut suffire à l’inscription profonde d’une activité dans la classe. » En effet, alors que, généralement, quatre ou cinq élèves seulement s’investissaient chaque année dans l’expression poétique, cette année-là, les vingt-cinq élèves de la classe s’étaient mis à écrire des poèmes. Et à mon avis essentiellement parce que j’avais constitué un dossier.

Alors, j’ai voulu vérifier la loi sur le terrain de l’expression graphique. Et elle s’est trouvée confirmée puisque, là encore, une passion de dessin s’est emparée de tous les élèves, sans exception. Mais pas seulement cela. Je voulais également prouver qu’ils se trompent ceux qui disent : « Au niveau du C.M. (9 à 11 ans) c’est trop tard, on ne peut plus débloquer les enfants en dessin. »

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p. 10 : « Je voulais avoir aussi confirmation de la nécessité d’offrir tous les langages, en même temps.

C’est pourquoi j’ai donné un bloc à chaque enfant comme je rêvais de le faire depuis longtemps. Il pouvait y dessiner à tout moment parce qu’il était en permanence sur sa table. »

(Paul)

p. 11 : « … on dit tellement de choses sur la part du maître : qu’il se projette, qu’il accapare, qu’il induit. C’est d’ailleurs souvent vrai et presque inévitable. Mais, en ce qui te concerne, la meilleure réponse à faire, c’est de signaler l’extrême diversité des poèmes et des dessins recueillis. Si tu avais pesé fort, toutes les productions seraient allées dans le même sens. (…) Mais c’est tout de même vrai que tu pèses fort : dans le sens de la liberté de s’exprimer. »

p. 12 : « … l’expression des enfants doit leur appartenir vraiment et (…) ils n’ont pas à dévier de leurs lignes pour plaire. À condition toutefois qu’ils aient pu se trouver en situation de se placer sur leurs lignes. »

p. 15 : « Plus que jamais, dans notre civilisation névrotique, l’école devrait être le lieu d’acceptation de ce qui est interdit ailleurs. Elle pourrait aider au rééquilibre, puisque ce besoin d’expression (de notre cerveau reptilien ?) existe si fort et provoque une telle souffrance lorsqu’il est réprimé. En fait, il est irrépressible ; mais il est souvent contraint d’utiliser des modes de réalisation dramatiques.

Or, la parole fantasmatique écrite ne peut apparaître dans l’école habituelle (…) parce qu’elle en a peur. Il est vrai que cette parole est très difficile à ignorer. Quand elle apparaît, il faut nécessairement la prendre en compte. Et on n’y est pas préparé.

Par contre, on peut facilement faire semblant de ne pas voir ce qu’il y a dans les graphismes. Ou bien, on peut voir autre chose. Ou bien, on peut ne pas savoir voir. Ni même savoir q’il y a quelque chose à voir.

C’est sans doute pour cette raison que les enfants utilisent si volontiers le langage artistique, lorsque celui-ci est libre. Ils sentent alors qu’ils peuvent en profiter pour progresser sous le couvert, sans aucun risque de dévoilement.

La motivation profonde de notre travail n’est pas de révéler ce qui se cache dans les productions de cet enfant, mais de persuader le lecteur qu’il s’y cache quelque chose qui ne nous concerne pas, mais qui doit parvenir à la surface de l’être du créateur. »

  Corps de l’ouvrage.

(L’ensemble des dessins de Patrick étalés sur deux ans accompagnés de quelques commentaires.)

p. 19 : « L’année scolaire commence. Dans sa nouvelle classe, Patrick pourrait choisir entre plusieurs modes d’expression libre. Mais il se centre d’emblée sur l’expression graphique qui comprend, à la fois, l’écriture et le dessin. Il est absolument libre d’écrire et de dessiner ce qu’il veut. Cependant, il utilise différemment cette double possibilité : dès le second dessin, il se situe immédiatement dans l’imaginaire alors que, sur le plan de l’écrit, la situation est différente. En effet, dans ce domaine, Patrick s’installe, dès le départ, dans une production qui fait voisiner, à égalité, des textes réalistes et des textes d’imagination. »

p. 28 : « … Patrick (…) s’est engagé à fond sur la piste ouverte par Étienne. Sans doute a-t-il constaté que Étienne avait pu aborder le domaine du délire sans que la maîtresse réagisse. Il a dû se dire, en voyant le soleil en colère et le dragon :

- Tiens on peut y aller sans crainte.

Et il y est allé. »

p. 107 - 108 : « Il me semble que Patrick avait une très forte chose à dire. Alors, il est remonté au signe le plus abstrait, la lettre, pour mieux se camoufler.

S’il avait dessiné ou nommé un homme, il aurait pu être attaqué pour cause de pornographie. Mais un X. Celui qui oserait prétendre que Patrick a des pensées non avouables sur la base de cet X, serait ridicule. Patrick pourrait facilement réfuter ces allégations. »

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p. 122 : « Un fait est certain : ce n’est pas pour rien que l’enfant dessine de cette façon. Pour le reste, il suffit de continuer à faire son travail habituel, sans se préoccuper d’interpréter. Au contraire même, en s’en abstenant rigoureusement.

Mais c’est bien, tout de même, de savoir que nos techniques simples et quotidiennes peuvent avoir un soubassement profond. C’est peut-être une bonne façon de pratiquer « la thérapie négative » de Maud Mannoni, à base d’abstention. « On ne sait pas comment les choses se passent. » Et ça peut aider considérablement les enfants. »

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p. 142 : « … à mon avis, nous assistons là à une catharsis (une purgation). C’est la troisième à laquelle j’assiste en vingt années. Rémi (9 ans), au bout de trois années de textes libres, en avait écrit toute une série qui se terminait par un meurtre symbolique et, comme Patrick, il avait écrit : Fin - Fin - Fin. Après quoi, il avait abandonné ses textes dramatiques pour rédiger des textes poétiques de fleurs et de petits oiseaux (voir Rémi à la conquête du langage du langage écrit, C.E.L., B.P. 282, 06406 Cannes.)

De la même façon, Pierrick avait expulsé oralement son drame. Et ensuite, il s’était totalement transformé (voir B.T.R. n° 9-10, C.E.L., Cannes.)

p. 143 : « Si quelque chose s’est résolu, c’est tout à fait à l’insu et en dehors de la maîtresse. Et ce dossier (…) peut nous incliner à penser qu’il y a souvent, sans doute, des résolutions de ce type, sans que les maîtres y soient pour rien d’autre que d’accepter l’expression libre et de permettre les activités Freinet (écrit, math, peinture, vie coopérative, plannings, fiches, recherches, échanges, correspondances, sciences, création, bricolage…) que les enfants utilisent selon leurs besoins propres.

Et le maître n’a pas à se préoccuper de repérer ce qui se passe souterrainement. Il constate, parfois, des éclosions surprenantes sans pouvoir en déceler l’origine. »

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  Conclusion.

p. 151 : « …s’il faut adopter une attitude neutre pour ne pas nuire à l’éclosion des expressions des enfants - qui ne sont pas toujours « profondes » -, il faut également adopter une attitude positive d’accueil qui nécessite peut-être une sensibilisation de l’éducateur.

Par exemple, la maîtresse acceptait que Patrick joue, gratuitement avec les mots et les sonorités. Et puis, soudain, peut-être par contamination de ce qui se passait au niveau du graphisme, l’enfant élargit son registre d’expression qui combine alors graphisme, écrit et oral. »

p. 152 : « Signalons que Patrick poursuit des études très normales. C’est probablement parce qu’il a pu s’alléger de ce qu’il portait. Ce qui n’est pas le cas, il s’en faut de beaucoup, de tous les enfants qui portent souvent des charges beaucoup plus lourdes. Il faut pouvoir s’en libérer. Et c’est alors « l’esprit de violence qui suggère la symbolisation en proposant des substituts à l’impuissance où l’on est de se venger, d’effacer, réellement » (R. Girard).

Par exemple, on a bien senti, en suivant pas à pas la trajectoire créative de l’enfant, qu’il essayait progressivement de maîtriser ses expériences traumatisantes. Et on a pu constater que le graphisme ne lui suffisant pas, il a intégré également l’écrit dans ses processus de désensibilisation. »

p. 152-153 : « Non seulement, nous devons accepter toute expression et toute forme d’expression - et aussi bien le gribouillage que le dessin esthétique - mais nous devons, également, rendre possible l’étude objective, subjective, communicative ou projective des matériaux les plus divers (objets, matières, activités, relations, organisation, groupes) afin que cet enfant-là ou cet autre ou encore cet autre puisse se forger l’outil qui convient à sa nature propre et à ses expériences de vie. Car Mozart ne fut pas peintre et Michel-Ange ne fut pas musicien. »

p. 153-154 : « Le regard du maître.

Je veux tout d’abord souligner l’importance capitale du regard du maître. En effet, après cette expérience sur deux ans, j’ai continué à donner des blocs de sténo à mes élèves. Mais je n’ai plus donné mon regard. Alors, les blocs sont restés dans les casiers. N’est-ce pas démonstratif ?

Je suis persuadée que le regard du témoin doit durer suffisamment longtemps pour que celui qui pourrait s’emparer d’un langage ait le temps d’accrocher sa locomotive. Après, il n’en finira plus de « rouler pour lui » sans plus aucun besoin d’une introduction ou d’un introducteur.

L’ennui, c’est qu’il faudrait également porter son regard sur les textes, la poésie, la création orale, les fabrications manuelles, la création mathématique, le corporel, le pictural, le sportif, l’informatif… Comment y parvenir ? Si ce que nous avons cru découvrir est vraiment vrai et généralisable, il faudra bien trouver des solutions. De toute façon, il faudra changer l’école. Je suis persuadée que si on ne tuait pas, comme maintenant, la libre expression à un moment donné de la scolarité, si les maîtres étaient eux-mêmes plus libres, chaque enfant trouverait naturellement sa technique de libération profonde.

Des études normales.

Rien dans le physique de l’enfant, dans son comportement, dans ses résultats scolaires ne pouvait laisser penser qu’il était aussi chargé de fantasmes. Et il était très heureux dans sa famille unie. »

p. 154-155 : « Je veux insister sur le fait que cet enfant paraît être un sujet « normal » à tous points de vue, certainement l’un des plus normaux que j’aie jamais connus. Et pourtant, il y avait tout ce noir en lui.

Tout le monde a des fantasmes parce que tout le monde a vécu des expériences traumatisantes. S’il était possible de se les « extirper » en douceur, comme l’a fait ce garçon, on éviterait peut-être la névrose qui guette à peu près chacun de nous, à un moment quelconque de la vie. C’est pour cela que je pense aussi qu’une psychothérapie populaire et naturelle est possible. »

  Postface

de Jacques Lévine.

p. 157 : « Si tu crois, cher ami lecteur, qu’ayant lu ce livre comme une anecdote mineure, un livre, parmi d’autres, de dessins d’enfant, tu en es quitte, alors tu te trompes lourdement, tu te goures, comme dit la chanson, tu t’es laissé avoir par le ton léger d’un discours qui ne l’est pas.

Revenons donc sur nos pas et, ensemble, rendons-nous compte du caractère révolutionnaire des deux pavés que P. Le Bohec lance dans les ronrons où nous nous endormons :

- 1° L’identité de l’enfant doit être prioritaire par rapport à l’enseignement, si nous voulons éviter le sous-enseignement, et une pédagogie de l’identité qui ne transgresse pas les frontières de la psychothérapie est parfaitement possible.

- 2° Nous ne savons rien de ce qui se passe dans la tête des enfants à qui nous faisons la classe.

Le Bohec et M Le Guillou font partie de ces enseignants qui en ont assez de se sentir impuissants face aux 70 % d’enfants destinés à être inexorablement largués entre le C.P. et la 3ème. »

p. 158-159 : « Le problème est aujourd’hui de savoir si ce versant de l’expression libre, où l’enfant se reglisse dans ce qui l’a barré dans sa construction, a sa place à l’école ou doit être considéré comme anormal, relève de la stricte psychothérapie, donc être renvoyé à des unités de soins de type médical. La réponse Freinet, que reprend Le Bohec, est claire : il n’a pas sa place à l’école si le maître s’affuble de façon irresponsable des plumes du psychanalyste. Elle a par contre une place importante s’il sait rester dans ce que j’appelle la zone n° 2, qui n’est ni la zone n° 3 de la psychanalyse, ni la zone n° 1 de la pédagogie techniciste qui préfère condamner l’enfant plutôt que d’accueillir sa parole intime. La zone n° 2 consiste seulement à offrir un lieu institutionnalisé de projection, à ne pas intervenir, à s’interdire de comprendre dans le détail, tout en sachant parfaitement que dans ces textes et dessins qui s’accumulent à longueur d’année, l’enfant renégocie avec lui-même une auto-représentation jusqu’alors ratée de sa place dans l’ordre de la famille, de la sexualité, de l’identité. »

p. 159-160 : « …il faut se rendre à l’évidence : la mystification actuelle consiste à faire croire que l’école, face à ces 70% d’enfants qu’elle agresse par ses finalités élitistes, peut s’en tenir à son rôle exclusif de machine à faire acquérir des connaissances. C’est faux : la pédagogie est condamnée à mort si elle ne devient pas un art relationnel de la construction de la personne. Les nostalgiques de l’école de papa auront beau hurler à la psychologisation. Le seul point sur lequel ils ont raison est qu’il est urgent de préciser la place de la psychologie à l’ école pour ne pas l’introduire à tord et à travers, comme cela devient trop quotidiennement le cas. Mais si l’on veut que chacun reste à sa place, il faut admettre que les frontières doivent changer. »

Dans les pages 160 à 162, Jacques Lévine effectue une interprétation psychanalytique très pointue des dessins de Patrick, interprétation qui n’apporte rien de plus au travail des deux instituteurs (et qui peut, et doit, continuer à leur échapper), mais qui donne beaucoup plus de poids et de pertinence à sa conclusion :

p. 162-163 : « …grâce à cette possibilité de projection, Patrick a pu faire un énorme travail de réexpérimentation de ses rapports avec son sexe et avec ses procréateurs pour intégrer l’ordre symbolique, c’est-à-dire son identité sexuelle, sa place de fils de ses parents, né d’eux, et situé dans la fratrie à sa place réelle.

Cela concerne-t-il l’école ?

Certainement pas, si l’on s’en tient aux problèmes intimes de Patrick. Mais au plus haut point, selon moi, si l’on considère le travail de croissance qui s’effectue dans la trame de ces dessins. Car le sens symbolique de l’école est d’être un lieu où l’on vient pour grandir et assumer son identité. Or, acquérir des connaissances n’a aucune signification si l’on a peur de grandir et si l’on est angoissé par sa propre image.

Le Bohec nous montre finalement, dans le prolongement de l’enseignement de Freinet, qu’on ne peut séparer une stratégie de l’acquisition des connaissances de celle de la personne dans sa totalité. Il donne la conviction qu’une pédagogie qui articule les deux stratégies est indispensable.

« Cher ami lecteur, fais en sorte que cette relation enfin humaine trouve la place qu’elle mérite. »

 

Réf : http://www.passerelleco.info/article.php?id_article=251


24/08/2013
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Malades d'Alzheimer: l'art comme thérapie (Le Parisien)

Publié le 24.09.2012

 

(AFP) - Visites au musée, ateliers de musique, peinture sur soie: un nombre croissant de centres d'accueil pour malades d'Alzheimer proposent des ateliers "d'art-thérapie" aux bénéfices multiples pour les patients, en l'absence de traitement véritablement efficace."Face à des médicaments qui ne guérissent pas, il nous reste les traitements non médicamenteux pour lutter contre les complications, resocialiser et revaloriser le patient", explique la gériatre Florence Bonté, responsable de l'hôpital de jour psycho-gériatrique de la Fondation Sainte-Marie à Paris.
 

Emile, 79 ans, qui souffre d'Alzheimer depuis six ans, est particulièrement fier de son petit plateau de céramique, confectionné lors d'un des ateliers organisés par cette fondation située à Paris et dont la mission est d'aider les personnes dépendantes et malades.
"Mon mari était un grand bricoleur avant sa maladie. Il ne peut plus rien faire aujourd'hui. Ce petit plateau lui a rendu sa fierté", témoigne sa femme Monique.
Les bénéfices de l'art-thérapie sont nombreux. Le premier d'entre eux est sans doute de permettre aux patients de renouer la communication avec l'entourage, explique Dr Bonté.
"Dans les ateliers d'art-thérapie, on voit des patients qui se remettent à parler, à s'exprimer, à émettre des opinions", explique la gériatre.
L'autre bénéfice observé concerne la concentration. Les participants à un récent atelier de céramique organisé à la Manufacture de Sèvres sont sans problème restés concentrés pendant près de deux heures, le temps de la séance, chose qui ne leur arrivait plus chez eux, témoigne Laurence Lods, organisatrice de l'atelier.
"L'anxiété et la dépression vont être apaisés par ces pratiques parce que le patient va devenir acteur, va produire quelque chose, va pouvoir montrer un objet, un dessin à sa famille", explique le Dr Bonté.
Promoteur d'une méthode de soin par la musique, Stéphane Guétin souligne que de nombreuses études démontrent l'intérêt de la musicothérapie dans le traitement de l'anxiété et de la douleur.
La musique n'est pas qu'un agréable passe-temps pour malades âgés: "Elle permet d'éviter la dépression et le recours aux anxiolytiques, et agit aussi sur l'agitation et l'agressivité", explique-t-il.
Ces ateliers de musicothérapie figurent parmi les recommandations de la Haute autorité à la Santé (HAS) pour la prise en charge des malades d'Alzheimer.
"L'une des composantes essentielles de la maladie d'Alzheimer sur laquelle la musique va avoir un impact, ce sont les troubles affectifs. La personne sera valorisée, aura une meilleure estime de soi et parviendra à une meilleure socialisation", explique M. Guétin.
"Le but de l'art-thérapie c'est avant tout de favoriser la qualité de vie. Des indicateurs montrent qu'en améliorant la qualité de vie, en réduisant l'anxiété et la dépression, on réduit l'importance des troubles cognitifs chez les malades d'Alzheimer", indique-t-il.
Actuellement 860.000 personnes souffrent en France de cette forme de démence, soit une personne sur dix après 65 ans. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime dans le monde à 35 millions les malades de démence (dont Alzheimer est la forme la plus fréquente), chiffre qui devrait tripler d'ici 2050.
 

 

 


09/07/2013
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Art-thérapie : J.Pierre Klein - article CLES

L'art-thérapie, se transformer par la création

par Mélik N'guédar
Voilà un « psy » qui ne croit pas tant aux psychothérapies qui interprètent à grands coups de projecteurs qu'à celles qui conduisent, dans une semi-pénombre, à des « surprises de conscience », semblables aux visions des artistes. Chacun de nous pourrait ainsi devenir créateur de sa propre vie, grâce à un subtil jeu de masques.

Nouvelles Clés : Il y a mille angles différent, dirait-on, pour aborder l'art-thérapie et les rapports entre l'art et la thérapie.

Jean-Pierre Klein : Au départ,je suis psychiatre et psychothérapeute d'enfants: ça veut dire que je m'occupe aussi bien d'un enfant de quatre ans qui fait toujours pipi au lit que d'une toxicomane de dix-huit ans, ou d'une anorexie mentale ou... On se retrouve avec des cas forcément plus différents que chez les adultes. Le psychiatre d'enfants ne peut pas se reposer aussi facilement sur des grilles et des codifications constantes. La rencontre se déroulera autour d'une table, ou par terre, ou dans un théâtre de marionnettes, ou avec du papier et des crayons... il y a donc forcément, à la base, de l'expression artistique. Et puis d'un enfant à l'autre, des formes différentes s'imposent.

D'autre part, l'enfant ne va pas toujours pouvoir dire « je », se situer par rapport à son père et à sa mère, etc. Il est par contre naturel de travailler avec lui dans l'invention, à partir de dessins - c'est la moindre des choses - mais aussi à partir d'histoires, de terre, de masques, d'expression corporelle, etc. L'enfant vient avec ses parents, qui parlent de leur problème, et l'enfant comprend qu'il est dans un endroit où quelqu'un doit l'aider à se transformer. Mais plutôt que d'examiner directement les symptômes et de voir ce qu'ils signifient, comme on fait en thérapie classique, moi,je demande à cet enfantde produire en thérapie. De partir de lui-même et de créer quelque-chose. Et forcément, parce qu'il sait grosso modo où il se trouve, tout ce qu'il va faire sera imprégné de ses problèmes.

À partir de là, plusieurs possibilités. La première, c'est de prendre la peinture, la mélodie, l'improvisation théâtrale, l'écriture. . . et de les décrypter pour y trouver des significations sous-jacentes. Ça ramène au discours en « je ».

Avec des interprétations des oeuvres parfois assez caricaturales, du type « le rouge signifie l'agressivité », « le vertical c'est le phallus », etc.
Alors qu'en art-thérapie, nous préconisons d'accompagner la personne, d'une production à l'autre. Comme si elle parcourait tout un itinéraire symbolique et se transformait dans la production, sans trop voir d'abord en quoi cela renvoie à ses difficultés. Il n 'y a pas forcément d'interprétation. L'art-thérapeute ne dira pas :« Voilà ce que ceci signifie de ton rapport à ta
mère. » À l'institut dont je m'occupe, l'INECAT, il y a même interdiction totale que quiconque fasse sur quiconque une interprétation de dévoilement. L'art-thérapie ne se situe pas dans l'explication de l'origine des troubles.

Ah bon ? Mais alors que pensez-vous de la classique interprétation du dessin considéré comme un test projectif ?

Je reprends l'exemple de l'enfant. Je lui demande de faire un dessin et il me dit qu'il ne sait pas dessiner - j'insiste un peu: « Allez, vas-y ! » Il veut faire un personnage de BD, je refuse, il se dessine lui-même,je lui dis: « Non, j'aimerais que tu inventes un personnage qui n'existe pas, comment s'appellerait-il d'ailleurs ? » Il l'appelle Alain.

 

Suite/article complet : http://www.cles.com/debats-entretiens/article/l-art-therapie-se-transformer-par-la-creation


09/07/2013
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